Forum global sur genre et média Bangkok-Thaïlande 2-4 décembre
L’Unesco a organisé du 2 au 4 décembre, à Bangkok, en Thaïlande, le Forum mondial genre et médias pour débattre de la question de l’égalité des genres dans et à travers les médias.
« Encore aujourd’hui, les médias reflètent et perpétuent trop souvent une vision des genres discriminatoire : ils négligent de faire entendre la voix des femmes ou d’aborder des questions pourtant cruciales comme la discrimination sexiste et les violences contre les femmes. De plus, les femmes ont encore relativement peu de poids dans la prise de décisions au sein des organisations de médias ». Ce constat a animé dès la cérémonie d’ouverture le propos de ce forum axé sur la création d’une dynamique collective et l’élan international qui manquait pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d’action énoncés lors de la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes à Beijing en 1995 » afin de « favoriser un profond changement dans et au travers des médias en faveur de l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres».
Plusieurs partenaires se sont associé à cette initiative : Outre des services publics thaïlandais de l’éducation et des médias, des organisations internationales comme ONU Femmes, l'Organisation islamique, la science et la culture et des centres de recherches spécialisés comme l'Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC), le Centre pour la liberté des médias, l'IREX, et l'Institut Panos, Doha Centre pour la liberté des médias et Gender Links.
La Haute Autorité de la Communication audiovisuelle a également pris part à cet événement, représentée par sa Présidente Mme Lemrini Amina et par son Directeur général, M. Naji Jamaleddine, également membre des conseils d'Administration du Réseau Orbicom et du Conseil Mondial de la Radio et de la Télévision (CMRTV), fondateur de la Chaire en Communication publique et communautaire de l’UNESCO à Rabat. M. Naji a exposé à cette occasion, en séance plénière, les résultats d’une étude qu’il a conduite en 2007, avec le soutien de l’UNESCO, sur le journalisme au féminin dans les pays du Maghreb. Il s’est à ce titre interrogé sur le vécu professionnel, la culture de l’entreprise Media et la place de la professionnelle dans cet environnement, passant en revue les sujets réducteurs où les femmes restent le plus visibles, en tant que sujet et actrice média : développement rural, Sida, santé reproductive, lutte contre la mortalité infantile … et son absence des grands rendez-vous de la citoyenneté média : NOMIC, SMSI…. Il a proposé, afin de favoriser l’autonomisation des femmes, de replacer la femme au centre de toute la réflexion sur les médias et le développement humain, de saisir l’immense opportunité offerte par les nouvelles technologies, d’interpeler les médias sur les stéréotypes qui favorisent les résistances socioculturelles, d’impliquer la professionnelle dans les rouages décisionnels et la gouvernance interne et de libérer la créativité et la création féminine. La journaliste maghrébine reste actuellement obnubilée, d’après l’étude, par les aspects structurels de l’entreprise médias, d’une part, et de la société, d’autre part. Le plafond de ses aspirations reste limité par des considérations de performance professionnelle et par un besoin quasi-obsessionnel de renforcement des capacités techniques en général sans singulière auto perception de son statut particulier au sein du corps professionnel et la prééminence de sa conscience de sa condition en tant que femme dans la société plutôt que de professionnelle dans l’entreprise média.
Les délégués des 80 pays représentés se sont également relayés, au cours des sessions parallèles ou plénières, pour rappeler à la fois les dimensions complexes de la question de l’égalité des genres et les défis et opportunités que présentent les médias dans cet optique, ainsi que les résultats des enquêtes menées sur le terrain et les actions engagés dans différents pays pour redresser le déséquilibre et promouvoir des médias inclusifs. Les multiples interventions confirmant la persistance des inégalités entre les sexes dans le contenu des médias, les structures institutionnelles, les pratiques et l'accès à l'information et que l'égalité des sexes ne saurait être atteinte sans un changement fondamental dans les attitudes et les mentalités, sans la participation et la collaboration active des médias et sans une coopération volontariste.
Afin de s'attaquer à la fois aux causes profondes de cet inégalité et de prospecter les voies d’action et possibilités de transfert d’expérience, les différentes sessions programmées au cours des trois jours du forum ont été articulées autour de 8 thèmes structurants autour de l’égalité et les médias :
- Les politiques et les stratégies d’égalité des genres dans les médias
- L'intégration du genre (gender mainstreaming) dans l'enseignement du journalisme
- La sécurité des femmes journalistes dans les médias en ligne et hors ligne
- Les médias, la maîtrise de l’information et le genre
- Les rapports sur les questions touchant les femmes, notamment les violences sexuelles, la situation des femmes dans les contextes de conflit et post-conflit
- Les médias ; les cadres juridiques et réglementaires ; les politiques / stratégies sexo-spécifiques nationales
- Le dialogue citoyen sur l'égalité des sexes au sein des médias
- La liberté d'expression et les tendances régionales et mondiales : les dimensions sexo-spécifiques.
Ce fut l’occasion de prendre connaissance des politiques et stratégies de prise en compte des questions de genre de pays, médias ou régulateurs, d’instituts d’études universitaires et de centres de recherches. Cela comprenant l’exposé des motifs, des contextes, des références légales, des outils méthodologiques, une évaluation des processus et l’exposé des résultats, ou encore l’inventaire des stéréotypes qui ont encore cours dans les différents pays, les lacunes persistantes et les recommandations pour les combler et les conseils en vue du renforcement des compétences.
A l’issue du forum, les participants ont validé l’idée et les fondements d’une action concertée à l’échelon international de tous les acteurs, professionnels et représentants des organisations de médias, universitaires, décideurs, militants de la société civile et agences de développement qui souscrivent aux principes de base de la Déclaration de Beijing. Une Alliance mondiale sur les médias et l'égalité (GAMG) a été ainsi officiellement créé le 4 Décembre 2013, pour concrétiser cet élan collaboratif et multiplier les mesures prises pour l’égalité des genres, dans le contenu médiatique comme au sein des effectifs des médias. L’adhésion au réseau est ouverte. (voir déclaration en pièce jointe.