Le DG de la HACA reçu à la Fondation des archives du grand ethnologue, écrivain et exégète Amadou Hampâté Bâ
Le Directeur Général de la HACA, M. Jamal Eddine Naji, a été reçu le 21 avril à la Fondation Amadou Hampâté Bâ, à Abidjan (Côte d’Ivoire), à l’invitation de Mme Roukiatou Hampâté Bâ, Directrice de la Fondation de cette grande icône de la mémoire africaine et benjamine héritière spirituelle de son illustre père.
La Fondation abrite un legs d’archives de ce grand écrivain malien, ethnologue, historien, romancier, essayiste, poète et exégète auteur de plusieurs traités religieux (sur les trois religions monothéistes) et qui a marqué la mémoire et le patrimoine du continent et les marque encore depuis sa disparition en 1991, à l’âge de 90 ans. Près d’un siècle de combats multiples sur différents fronts pour la dignité de l’Afrique, de ses cultures, de ses civilisations et imaginaires, de ses crédos, contes et croyances, de ses mémoires, orales et transcrites, fondamentalement humanistes et tolérantes.
Le fonds documentaire, péniblement sauvegardé en termes de moyens, mais méthodiquement, en termes de collecte et de valorisation, réuni en ce centre d’Abidjan (sa ville adoptive) par l’héritière spirituelle du Maître, auteur, entre autres, de « L’empire peul du Macina », de « Jésus vu par un musulman », comprend écrits dactylographiés, manuscrits, publications et revues dirigées par l’historien et le critique d’art, ses romans, les originaux de ses poèmes, les compte-rendu de ses conférences, ses albums photos et récits de voyages, en plus de sa bibliothèque personnelle multilingue. Son livre en version anglaise le plus connu est « The fortunes of Wangrin », alors que les librairies francophones, en France et en Afrique, offrent à ce jour les plus lues de ses œuvres : « Amkoullel, l’enfant peul »; « Koumen, texte initiatique des pasteurs peul »; « Kaidara, conte initiatique »… Certaines de ses lectures à lui immortalisent les dédicaces d’hommes célèbres, tels que Charles De Gaulle, Léopold Sedar Senghor, Kwame Nkruma ou André Malraux.
« En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ! » est la plus connue de ses phrases de sage respecté pour sa lucidité, sa modestie de savant et son ouverture d’érudit. « Je suis un diplômé de la grande université de la parole enseignée à l’ombre des baobabs », avoue-t-il dans un de ses ouvrages. Aveu d’un humble savant, grand témoin encyclopédiste de la mémoire africaine et dont les maximes sont souvent citées dans les universités d’Afrique et d’ailleurs et reprises comme dédicaces ou débuts de préfaces par divers auteurs et créateurs du continent et d’Europe.
Figure emblématique donc de la sagesse africaine et dont l’immense - peu connu, malgré tout - héritage intéresse, enfin, l’Unesco, déclara, à l’occasion, Mme Amadou Hampâté Bâ à M. Naji. L’agence onusienne projetterait , semble-t-il, d’appuyer la Fondation Bâ pour la conservation et le rayonnement de ces trésors, par un programme spécifique centré sur la numérisation de ces archives et fonds documentaires lesquels, par plusieurs apports et pièces, abordent, entre autre, l’islam, ses rites, ses pratiques et impacts en terre africaine, et aussi dans le monde arabe, Royaume du Maroc compris, surtout en relation avec les périodes des luttes pour les indépendances en cette partie du monde, notamment nord-africaine. « Un printemps arabe », titre d’un de ses ouvrages édités chez Albin Michel en … 1971 ! Titre prémonitoire s’il en est !
Notons qu’à l’occasion de cette visite, M. Naji a abordé, avec Mme Roukiatou, le projet en gestation au niveau des instances de régulateurs de l’audiovisuel, en Afrique francophone particulièrement (Réseau REFRAM et Réseau RIARC aussi), concernant les archives audiovisuelles, et que porte la HACA du Maroc et la HACA de Côte d’Ivoire. Une perspective qui devrait explorer également les traces audio et audio-visuelles (télévisuelles et filmiques) du grand Amadou Hampâté Bâ.
Signalons, enfin que M. Naji a effectué cette visite d’information à la Fondation AHB, en marge d’un débat d’experts marocains et ivoiriens organisé, à Abidjan, la veille, soit le 20 avril, par l’association marocaine « Amadeus », sur les enjeux de l’adhésion du Royaume à la CEDEAO. Débats auxquels a participé M. Ibrahima Sy Savané (sur proposition de M. Naji aux organisateurs), Président de la Haca Côte d’Ivoire, ex ministre de la communication et Président du réseau REFRAM, ainsi que Mme Roukiatou Hampâté Bâ.