La liberté et l’économie des médias du monde francophone plus menacées que jamais
A l’occasion de ses 45ème Assises, tenues à Antsirabe (Madagascar) du 20 au 24 novembre 2016, l’Union de la Presse Francophone (UPF), pas moins de 300 journalistes, patrons de médias et chercheurs-spécialistes ont martelé, sous différents éclairages d’analyses et d’études de cas, un fort signal d’alarme quant à l’autonomie économique et l’indépendance éditoriale de la presse -tout type de médias- dans la quasi-totalité des pays francophones, en Europe, en Asie, au Canada et tout particulièrement en Afrique.
Déclinant le thème central de ces assises, « L’économie des médias dans les pays en développement : les médias acteurs du développement », en une dizaine de sous-thèmes, plus de 50 conférenciers et panélistes, venant de 47 pays, dont une majorité du Continent, se sont penchés sur « les raisons des succès et les leçons des échecs des médias dans les pays en développement », sur « la liberté des journalistes des médias : facteurs de développement et de discrédit », sur « l’autonomie pour les médias dans une situation de précarité économique », sur « le pluralisme des médias et la pluralité des opinions », sur « les investissements privés et l’indépendance des médias », ainsi que sur « les mutations technologiques : atout ou handicap ? »….
Durant ces cinq jours d’exposés et de débats, qui se sont déroulés dans les murs de l’Hôtel des Thermes (lieu d’exil de Feu Mohammed V), les délégations participantes, dont une forte délégation de journalistes marocains(es), ont souligné particulièrement le fait qu’aussi bien l’autonomie économique des entreprises-médias que la liberté et l’indépendance des professionnels de contenus médiatiques sont menacés de précarité pour les premières et d’inféodation et/ou de dévoiement pour les seconds et ceci, tant au Nord qu’au Sud, c'est-à-dire aussi bien dans les pays dits « développés » que dans les pays dits « en développement ».
Invité par l’UPF, à titre de chercheur et d’auteur d’ouvrages spécialisés, notamment, sur l’éthique des médias, la liberté de la presse, la presse et les droits de la personne, Pr Jamal Eddine Naji a exposé sur les nouveaux enjeux pour l’éthique et la déontologie à l’ère numérique et animé une table-ronde sur « l’impact d’une situation de précarité économique sur l’autonomie des médias ».
Dans ses différentes interventions, comme conférencier, paneliste ou discutant, M. Naji a insisté également sur la donne de la régulation des médias comme sur les nécessaires leviers susceptibles de garantir, de préserver ou de consolider l’autonomie et la liberté des médias : des politiques publiques volontaristes pour structurer une démocratisation du champ médiatique, des schémas directeurs nationaux de formations modernes des professionnels de contenus comme des managers des médias, des cadres corporatistes ou syndicaux, liés au professionnalisme comme ligne de défense et de promotion des droits socio-professionnels, moraux et éthiques des journalistes, ainsi que de la viabilité économique de l’entreprise-media.
D’autres membres de la délégation marocaine se sont succédés aux différentes tribunes de ce forum, notamment, Mme Meriem Oudghiri, nouvellement élue à la tête de la Section-Maroc de l’UPF, et qui a défendu, sur la base du journalisme marocain, la capacité des médias d’agir et d’innover des approches démontrant le rôle des médias comme acteurs du développement économique au profit d’entrepreneurs, d’activistes civils, de coopératives économiques…etc.
A noter que la présence marocaine comptait également nombre de décideurs et de représentants de grands opérateurs économiques du pays et qui ont soutenu la tenue et l’organisation de ces assises comme principaux sponsors.
A noter aussi que l’ensemble des Marocains et Marocaines impliqués dans ces Assises, dont la secrétaire générale-adjointe de l’UPF, Mme Khadija Ridouane, ont eu l’insigne privilège de saluer Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors de sa visite, en compagnie du Président malgache, de ce lieu (Hôtel des Thermes) si emblématique pour la mémoire du peuple marocain, mémoire frappée, depuis plus de 60 ans, du sceau de « la révolution du Roi et du peuple » déclenchée le 20 Août 1953.