« La régulation des médias et enjeux communicationnels » : conférence de m. Naji a la faculté des lettres et des sciences humaines de rabat. Ouverture de la HACA sur le monde universitaire
Le Directeur Général de la HACA, Pr. Jamal Eddine Naji, a animé, jeudi 22 mars 2018, à la Faculté des Lettres de Rabat, un séminaire organisé par le département des Sciences et Technologies de la Communication, en collaboration avec le laboratoire « Langues, Traduction, Communication et Culture (LT2C) », sous le thème « La régulation des médias et enjeux communicationnels ».
M. Naji, qui était accompagné de MM. Abdeljalil El Hammoumi, Directeur Général Adjoint de la HACA, et Mahdi Aroussi Idrissi, Directeur du Département des Etudes juridiques, intervenait également en sa qualité de Président du Réseau "ORBICOM" des Chaires UNESCO en Communications et ex-Professeur chercheur à l’ISIC de Rabat.
Dans le symbolique amphithéâtre « Charif Al Idrissi » (1er Géographe marocain), réunissant un parterre de plus d’une centaine de doctorants, chercheurs et experts en communication, mais aussi d’étudiants en communication et en langues étrangères, M. Naji, qui a été introduit par M. Mohamed Bendahan, Chef du Département des Sciences de l’Information et de la Communication, a souligné, tout d’abord, l’importance de cet échange, qui, a-t-il dit, « constitue un axe constant de la stratégie globale de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle ». Une stratégie qui s’inscrit, entre autre, dans une perspective de renforcement du lien avec les universités, et ce, dans le but d'accompagner les chercheurs (es) et les doctorants (es) dans leurs travaux sur le domaine. En rendant, par exemple, les archives télévisées et radiophoniques accessibles à la recherche et à l’analyse, de manière holistique, multidisciplinaire et non pas uniquement sous l’angle de la régulation.
L’assistance échangea avec M. Naji en sa qualité de Directeur Général de la HACA, mais aussi en tant qu'auteur de manuels de journalisme, d’études et de stratégies liées au rôle des médias en relation avec les droits de l’Homme, la démocratie, l’éthique et la déontologie requises en le domaine. Dans ce cadre, le conférencier a esquissé une rétrospective de l’évolution des médias depuis l’apparition de la presse en Europe, début du 17ème siècle, et depuis plus d’un siècle et demi au Royaume. Il illustra et s’interrogea sur le rôle des médias et leur influence dans la société, dépendant des contextes politiques, professionnels, culturels et civilisationnels.
Par la suite, Pr. Naji survola l’histoire et les modèles d’application du concept de la régulation des médias, après celle des corporations (comme le concept du « Methasseb » des artisans du Maroc d’hier- le journalisme est aussi un artisanat ! -). Ce survol passa en revue les évolutions du concept de la régulation depuis son apparition en Europe du Nord (Scandinavie), puis dans le monde anglo-saxon (UK, USA, Canada, Australie…) et enfin dans les pays latins (1981/82 en France, par exemple), en Amérique Latine après la chute des dictatures, en Asie (Inde, Pakistan, Sud-Est…) et sur le continent africain, durant les années 90 (Afrique du Sud, notamment) et le Maroc (2002) … Alors que, dit-il, cet outil avancé et déterminant de la démocratie peine grandement à prendre pied sur la carte arabe (excepté, en dehors du Maroc, les cas de la Tunisie, encore fragile, et fort relativement au Liban et en Jordanie).
Maître mot : l’autorégulation
Après ces éclairages conceptuels et historiques, M. Naji a souligné le rôle majeur que joue la HACA, dans le cas du Maroc, en tant que régulateur, dans un contexte de négociation et d’échanges directs, on line même, avec les médias, dans le but d’apporter une amélioration au contenu, à la déontologie et à l'éthique. Il rappela que ceux, des modèles de régulation, qui réussissent à convaincre de leur effectivité et de leur excellence, sont passés de la régulation à l’autorégulation, en passant, souvent, par l’étape intermédiaire de la « co-régulation » entre les médias et leur régulateur. Ce qui atteste, ajouta-t-il, dans ces cas, de la volonté des médias d’appliquer volontairement les règles fixées par eux-mêmes, selon une approche assumée d’autorégulation. Selon M. Naji, l’autorégulation peut même mener à un système de certification ou de labélisation, qui distinguerait, par la mise en exergue de « bonnes pratiques », un journaliste, un média, par l’ensemble de la profession, ou corporation, dans un pays donné. Il a illustré ses propos par des états des lieux, citant des expériences croisées ainsi que des benchmarks des univers médiatiques dans les mondes arabe, européen et latino-américain, notamment.
La deuxième partie de ce séminaire, le premier du genre mené par la Haca au sein d’une université, a été consacrée à un échange entre MM. Naji, El Hammoumi et Aroussi Idrissi, d’une part, et l’assistance d’autre part, en s’arrêtant sur des questions et autres interrogations relatives à la régularisation des médias… Ses normes, ses outils, ses référentiels constitutionnels, législatifs, réglementaires, déontologiques et ses recoupements obligés avec d’autres types de régulation, comme la « concurrence déloyale » en matière d’économie des médias (phénomène des monopoles des groupes tentaculaires) ou du fait des enjeux, de plus en plus complexes, entre le monde des médias et celui des télécommunications, ou, bien entendu, ceux, imposés de nos jours, par le phénomène de la convergence et par la toile avec ses différents supports, canaux et avatars, objets connectés compris.
Dans ce cadre, MM. El Hammoumi et Aroussi Idrissi ont interagi avec l’assistance, mettant l’accent sur certains de ces enjeux et les stratégies d’action déployées par la Haute Autorité. Ils ont pu ainsi démonter certains clichés, liés notamment au rôle supposé de « gendarme de l’Audiovisuel » dans lequel le large public, mais aussi, hélas, les élites, ont trop souvent tendance à cantonner la HACA, ou le souhaiter pour elle comme étant sa mission première et centrale ! Alors que la marche logique de ce concept est vers la co-régulation menant à l’autorégulation la plus réactive possible.
En conclusion, au bout de plus de trois heures de débat, M. Jamal Eddine Naji a clos cet échange, en se félicitant de la tenue de ce séminaire, qui, a-t-il dit, entre dans une dynamique de rapprochement entre la HACA et l’Université dans un pays qui a tous les atouts, dans ce domaine, pour espérer faire avancer, à terme, la démocratisation de son paysage audiovisuel national (PAN) et le développer sur tous les registres : normatif, législatif et réglementaire, économique, professionnel, culturel…Au mieux, in fine, d’une rencontre utile et promotionnelle des attentes et satisfactions des citoyens et citoyennes, des créateurs, des territoires, des formes d’expression et de la liberté de celle-ci, de la diversité des opinions, des langues, des cultures et patrimoines et des mémoires.